L’intelligence artificielle au service de l’artisanat

L'intelligence artificielle (IA) transforme déjà de nombreux secteurs de l'économie, y compris celui de l'artisanat. Longtemps perçue comme une technologie réservée aux grandes entreprises ou à l'industrie, elle s'invite aujourd'hui dans les TPE/PME. En apportant des gains de temps, d'efficacité et de qualité, l'IA offre aux artisans de nouvelles opportunités de développement. Ce dossier propose un état des lieux de la place de l'intelligence artificielle dans l'artisanat, ses usages, ses freins, son impact sur l'emploi, la formation et l’environnement. 

Les entreprises artisanales s'emparent progressivement de l'IA. En 2024, 27 % des chefs d'entreprise artisanale déclaraient utiliser un outil d'IA dans leur activité, principalement pour la création de supports de communication (81 %) et la relation client (24 %). Les utilisateurs constatent un gain de temps de 2,1 heures par semaine en moyenne, soit un gain de productivité estimé à 5 %. Les secteurs les plus engagés sont les services, la production et l'alimentation. 

Dans l'alimentation, l'IA est utilisée pour optimiser les stocks, anticiper les ventes et mieux gérer les approvisionnements. Dans le bâtiment, elle aide à planifier les chantiers, prévenir les risques et gérer les coûts. Dans les services, notamment l'esthétique, l'IA contribue à améliorer la relation client, le diagnostic et la personnalisation de l'offre. Dans la production, elle optimise la conception, la logistique et la vente, avec un impact mesuré sur les processus internes. 

Malgré les avancées, des freins demeurent. Près de 59 % des dirigeants de TPE considèrent que l'IA ne leur est pas utile, principalement en raison d'un manque d'information, de formation ou de temps pour l'explorer. Des craintes subsistent également sur la qualité du travail rendu par l'IA, la déshumanisation de la relation client ou encore la perte de lien social. L'impact sur l'emploi reste un sujet de vigilance, bien que majoritairement perçu comme neutre à court terme. 

Les Chambres de métiers et de l'artisanat (CMA) jouent un rôle clé dans la diffusion de l'IA dans les TPE artisanales. Elles proposent des fiches pratiques, des webinaires, des ateliers, des diagnostics flash, des outils d'aide à la décision et des formations spécifiques. Des projets innovants sont menés dans plusieurs régions comme l’anticipation des ruptures de parcours de formation et le diagnostic d'implantation mais aussi au niveau national avec le projet de recherche de maîtres d'apprentissage via l'IA prédictive. 

La question environnementale s'impose dans le déploiement de l'IA. L'impact carbone des infrastructures et la consommation énergétique sont à prendre en compte. Des référentiels d'écoconception et d'IA frugale voient le jour pour orienter les usages. Le défi est de promouvoir une IA utile, éthique et accessible, au service des valeurs humaines et de la performance durable des entreprises artisanales. 
 

L'intelligence artificielle n'est pas une fin en soi mais un levier pour moderniser, renforcer et pérenniser l'activité artisanale. Son adoption doit être guidée, sécurisée et accompagnée. Les CMA se mobilisent pour accélérer cette transition, en facilitant la compréhension des outils, en orientant vers des solutions concrètes et en mettant l'humain au cœur de l'innovation. L'IA ne remplace pas l'artisan, elle l'épaule. Il s'agit d'une opportunité à saisir collectivement pour bâtir un artisanat toujours plus performant, durable et humain.